LE VICTORIA FALLS HOTEL, ZIMBABWE
par Jean-Louis Delbende
Salvador Dali, peintre catalan de provocation mondiale, avait déterminé que le centre du monde se situait dans la gare de Perpignan : « sans la gare de Perpignan, nous serions tous en Australie, probablement entourés par les kangourous » …
Pour ma part, je dois avouer mon ignorance en la matière, ne connaissant pas Perpignan et ne développant pas un intérêt particulier pour les marsupiaux « de la famille des macropodidés ».
En revanche, passionné d’Afrique, c’est à la frontière du Zimbabwe et de la Zambie que j’ai identifié le centre de « mon » monde, à Victoria Falls et précisément à la terrasse de son plus prestigieux hôtel, convié, tel un Hercule Poirot moyen, à y prendre le « High Tea » il y a de cela une quinzaine d’années.
Le Victoria Falls Hotel (***** Luxe), puisque c’est de lui qu’il s’agit, fut surnommé par les Rhodésiens puis par les Zimbabwéens « The Grande Dame of Zimbabwe » et l’expression, bien que pompeuse, n’est pas usurpée. Le caractère imposant de l’établissement et son excellent emplacement, face aux chutes, y ont bien contribué.
La ville de Victoria Falls où il fut édifié, est, comme son nom l’indique, située au plus près des chutes «Victoria» sur la rive zimbabwéenne du fleuve Zambèze. Le nom de la reine de l’époque fut donné au lieu par le docteur David Livingstone (je présume …), premier explorateur européen à s’émerveiller devant les cataractes en 1855, rendant ainsi hommage à sa souveraine.
Un demi-siècle plus tard, en 1904, le Victoria Falls Hotel était construit pour … loger les ouvriers travaillant à la construction de la ligne de chemin de fer Le Cap – Le Caire.
Cet axe ferroviaire fut le grand rêve colonial de Cecil Rhodes (qui devait donner son nom à la colonie de Rhodésie) et qui assurerait en Afrique la supériorité stratégique britannique face aux velléités françaises !
Aujourd’hui, l’établissement demeure la propriété des National Railways of Zimbabwe.
Les ouvriers du chantier du début du XXe siècle ont rapidement été remplacés par les têtes couronnées européennes et particulièrement les membres de la famille royale britannique lors de leurs visites régulières à travers l’Empire.
Il vous est ainsi possible de vous abandonner aux bras de Morphée dans le lit qui accueillit sa gracieuse majesté, feue la reine Elizabeth II …
La clientèle du Victoria Falls Hotel compte également des visiteurs venus du monde entier, venus s’émerveiller du spectacle exceptionnel des chutes du Zambèze (inscrites au Patrimoine Mondial de l’UNESCO).
De nos jours, l’établissement qui fut jadis un des tout premiers construits sur le continent noir, a conservé sa réputation méritée d’hôtel d’exception, membre de « The Leading Hotels of the World »
L’architecture « édouardienne » du bâtiment abrite 161 chambres et suites très élégantes ainsi que plusieurs salons décorés avec un goût exquis, rappelant la sophistication d’une époque révolue. Selon le type de chambre / suite il vous en coûtera de 400 à 1 300 $ US la nuit (petits déjeuners inclus).
La salle de restaurant « Livingstone » propose des dîners gastronomiques suffisamment élaborés pour que l’établissement ait mérité de figurer en septième place du classement mondial de l’excellence culinaire décerné par « The Daily Meal », en liaison avec le Guide Michelin.
Signe des temps, le code vestimentaire y a été « allégé » et une tenue décontractée (mais cependant élégante) remplace maintenant le costume et la cravate.
Les shorts, jeans déchirés, baggys, tenues de safaris, manches courtes, espadrilles ou baskets sont (heureusement) priés d’aller se … rhabiller !
La piscine (extérieure), exclusivement réservée aux hôtes de l’établissement, est un havre de paix, avec pour arrière-fond sonore le grondement sourd des chutes que les locaux appellent Mosi-oa-Tunya (« La fumée qui gronde »).
Rien à reprocher non plus à l’espace consacré au « bien-être ».
Le spectacle unique des chutes (qui fêteront prochainement leur 150 millionième anniversaire) ainsi que la forêt avoisinante (parcourue en imperméable afin de se protéger des embruns omniprésents) ne sont pas, et de loin – les seules activités proposées aux visiteurs.
En plus de la descente des rapides du Zambèze en rafting pour laquelle une très bonne condition physique est souhaitable, les amateurs d’émotions fortes peuvent pratiquer le saut à l’élastique (sans doute un des plus hauts au monde depuis le pont qui enjambe le fleuve et permet de rejoindre la Zambie sur l’autre rive) ou bien le survol des crocodiles et hippopotames en tyrolienne au-dessus des imposantes gorges du Zambèze.
Plus reposants sont les survols en hélicoptère des chutes, les parties de pêche au poisson-tigre, les balades à dos d’éléphants ou bien également les promenades dans la savane en compagnie de jeunes lions en liberté (faisant partie d’un programme de réintroduction de l’espèce dans les zones où l’animal se fait rare). Sans oublier cette activité tellement anglaise du « bird-watching ».
A proximité de l’hôtel, il est également amusant de pratiquer son swing au milieu des phacochères et des gazelles sur un superbe 18-trous conçu par Gary Player.
Des visites sont organisées afin de découvrir l’antithèse du Victoria Falls Hotel : la vie locale dans des hameaux composés de cases, les écoles primaires et les centres de soins pour les populations rurales.
Afrique oblige, le safari matinal (ou vespéral) en 4X4 demeure naturellement un « must » et la richesse de la faune africaine n’est pas une vaine expression au Zimbabwe.
En conclusion, le Victoria Falls Hotel est bien l’exceptionnelle icône de luxe qui a pu traverser sans encombres les époques de fastes et celles plus agitées du continent africain.
Pour Goethe que l’Italie n’avait pas laissé indifférent, il fallait « voir Naples et mourir ». Quant à moi j’ai aimé le Victoria Falls Hotel et je souhaite vivre pour le revoir.
http://www.victoriafallshotel.com/
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